Questions à Joël Canapa, vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, délégué à la Solidarité, la Prévention et la Sécurité
"La Région se consacre essentiellement à des actions de prévention"
Quelles sont les priorités de la région PACA en matière de lutte contre le sida ?
C’est cela. La Région estime qu’elle est particulièrement compétente sur la question des jeunes puisqu’elle finance en totalité ou partie les lycées, les CFA, les universités et les missions locales. Comme nous ne voulons pas seulement nous intéresser à l’état des bâtiments mais aussi aux personnes qui vivent dedans, nous avons défini une politique de prévention en matière de sexualité, de grossesses non désirées et d’IST. En inscrivant ces actions dans un Contrat de plan, la Région montre que ces questions sont aussi importantes que des problèmes de lignes SNCF ou d’autoroutes. Dans ce Contrat, toute la dimension humaine de la vie en société apparaît.
De nombreux séropositifs vivent en région PACA. La Région prend-t-elle des mesures particulières pour leur faciliter la vie ?
La Région se consacre essentiellement à des actions de prévention. L’Etat doit conserver toutes ses reponsabilités sur les questions de santé. Cela n’exclut pas que dans tel ou tel endroit, la Région n’aidera pas une association de soutien pour les personnes en fin de vie. Mais cette mesure particulière ne rentrera pas dans le cadre d’une politique globale.
Comment travaillez-vous avec le tissu associatif local ?
Le tissu associatif régional est assez développé pour tout ce qui concerne les questions traitant de sida et de sexualité. En même temps, il est trop localisé. La Région compte quatre millions et demi d’habitants avec trois départements - Bouches-du-Rhone, Var et Alpes-Maritimes, qui regroupent à eux seuls à peu près trois millions et demi d’habitants. Dans les grandes villes comme Marseille, Nice, et dans une moindre mesure Toulon, le milieu associatif est développé. En revanche, les départements alpins - Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes, représentent un ensemble de 250 000 habitants, c’est-à-dire un quartier de Marseille. Le tissu associatif est à l’image de cette faible population. Or ces rares associations doivent couvrir un champ géographique assez vaste. La politique d’appels à projets que nous prônons à son intérêt puisqu’elle exige des associations qu’elles couvrent toute la région en ne se contentant pas des grands centres urbains. L’idée est que le lycéen d’une commune rurale soit au contact d’une action de prévention une fois par an au moins comme peut l’être le lycéen étudiant à Marseille ou à Nice.
Pourquoi l’Hôtel de Région a-t-il décidé d’accueillir l’exposition « Aimer sans peur - Solidarité et prévention : apprenons à vivre avec le SIDA », du 15 mai au 11 juillet 2007 ?
De par son immensité, l’architecture du bâtiment se prête à de grandes expositions. Nous voulons en plus que ces expositions donnent du sens et qu’elles appellent à réfléchir. Cette approche n’est pas seulement culturelle, elle s’inscrit dans une démarche pédagogique et d’éducation. « Aimer sans peur » a été créée par la Région en partenariat avec l’association AIDES et le CRIPS PACA dans le but d’informer, faire de la prévention et dénoncer les discriminations dont sont victimes les personnes séropositives. Ce qui nous tient aussi à cœur, c’est d’attirer l’attention sur les inégalités dans l’accès aux traitements entre les pays riches et les pays pauvres.
Que représente la venue à Marseille de la 8ème Conférence AIDS Impact pour la région PACA ?
Quand on veut qu’une politique de prévention soit efficace, il est nécessaire de mener des actions de terrain en étant au plus près des gens. En même temps on a besoin de créer parfois de grands événements pour attirer l’attention. Vous savez mieux que moi que la question du sida est moins médiatisée qu’autrefois. Aujourd’hui, des gens croient qu’en prenant trois cachets, la question du sida sera réglée. Il faut sans cesse rappeler que ce n’est pas si simple. De même que nous travaillons avec le tissu associatif, nous voulons favoriser la recherche et la réflexion sous tous les aspects du VIH/sida. La venue de cette Conférence AIDS Impact à Marseille, avec l’apport financier et logistique que la région lui apporte, doit favoriser ce travail engagé au niveau international.