Questions à Louis-Charles Viossat
Nouvel ambassadeur français chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles
« Il faut aider les Etats francophones à accéder plus facilement au financement mondial »
Contrairement à votre prédécesseur Michel Kazatchkine, vous n’appartenez pas à la mouvance sida. Pourquoi avoir accepté ce poste d’ambassadeur en avril dernier ?
Parce que cette mission est passionnante et d’une importance unique compte tenu de la gravité des pandémies sur un plan sanitaire, éthique et de développement. Je compte apporter à ce poste mes compétences en matière de santé et de santé publique, acquises au ministère de la Santé où je suis inspecteur général des affaires sociales, ainsi que ma connaissance des questions de développement acquise au sein de la Banque mondiale et au travers des missions que j’ai faites pour la coopération française.
Quelles sont vos priorités ?
Je souhaite mettre l’accent sur la réaffirmation des principes éthiques dans la lutte contre le sida sur le plan national et international. Je pense qu’il s’agit d’une dimension-clef du poste d’ambassadeur. Sur le plan national, l’opinion publique et les leaders d’opinion ne sont pas encore suffisamment mobilisés autour des enjeux sida. Sur le plan international, j’interviendrai dans le plus grand nombre d’enceintes officielles, auprès des Etats et du secteur privé, et je m’efforcerai de mobiliser l’opinion publique. Unitaid et le Fonds mondial, où l’ambassadeur siège, sont des instruments uniques pour réaliser cet objectif.
Vos autres priorités ?
Une priorité - elle est à mon sens au cœur de l’action de l’ambassadeur - consiste à développer la visibilité de l’action de la France dans les instances internationales (Fonds mondial, Unitaid, Commission européenne) et auprès des Etats. Je suis frappé par le fait que les ONG que je rencontre, mais aussi des diplomates, me disent qu’ils ne voient pas l’action de la France sur le terrain. Alors que notre pays est depuis longtemps un leader dans le domaine du VIH/sida et qu’il développe énormément d’initiatives et de programmes. Je souhaite aussi soutenir la francophonie et les Etats francophones qui rencontrent parfois plus de difficulté que les autres pour accéder au financement mondial. Sur le plan national, je ressens le besoin de coordonner et d’harmoniser les positions des administrations de la Santé, des Affaires étrangères, des Finances… pour être encore plus efficace et percutant.
Vous évoquez des actions à long terme. A court terme, sur quoi allez-vous travailler ?
Il est nécessaire de faire croître rapidement le nombre d’Etats membres d’Unitaid afin d’atteindre nos objectifs de développement et d’accès universel aux trithérapies grâce à la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Je réfléchis aussi à des initiatives lorsque la France prendra la présidence de l’Union européenne. Ce moment représentera une opportunité pour confirmer la France comme leader dans le domaine du VIH/sida. D’autant plus que je sens une attente et un intérêt de la part de nos partenaires. Et puis il y a la préparation de la conférence de reconstitution du Fonds mondial à Berlin, en septembre prochain.
Dans les pays du Sud en particulier, deux sujets font actuellement débat. Le premier concerne les microbicides. Les tests cliniques sur l’un d’entre eux, le Carraguard, ont été récemment arrêtés à cause des risques que ce microbicide entraînait pour les femmes. Cette piste en matière de lutte contre le sida doit-elle être poursuivie ?
Je ne suis pas comme Michel Kazatchkine un expert scientifique dans le domaine du VIH/sida. Je me repose donc sur l’expertise de l’administration et de mes interlocuteurs. Mon opinion est que la piste des microbicides est intéressante même si les recherches sont difficiles et demandent un assez lourd investissement. La France continuera à soutenir le partenariat international sur les microbicides car il s’agit d’un axe important sur lequel il faut travailler.
L’autre point concerne la circoncision. Le Conseil national du sida vient d’émetttre un avis de prudence quant à son utilisation pour réduire la propagation de l’épidémie de sida. Qu’en pensez-vous ?
J’ai eu l’occasion d’en discuter avec le président du CNS Willy Rozenbaum, avec Jean-François Delfraissy et avec les responsables de l’OMS. Il y a des faits scientifiques puisque trois études dont une conduite par l’ANRS ont démontré une efficacité de la circoncision en matière de prévention dans certains pays chez les hommes jeunes et hétérosexuels. C’est un fait qui porte sur des cohortes importantes de plusieurs milliers de personnes. L’avis du CNS montre toutefois l’importance de disposer d’études montrant les bienfaits de la circoncision sur le terrain. La mise en œuvre de ce nouvel outil de prévention doit être entourée de précautions.
L’Observatoire du droit à la santé des étrangers dénonce l’expulsion d’étrangers malades nécessitant des soins en France. En tant qu’ambassadeur chargé de la lutte contre le sida et des maladies transmissibles, interpellerez-vous les pouvoirs publics sur ces questions ?
L’ambassadeur est un garant de l’éthique. Son rôle n’est pas d’interpeller publiquement les pouvoirs publics sachant qu’il en est lui-même issu, mais sa mission le conduit à susciter l’attention des administrations et de leurs responsables sur telle ou telle situation qui poserait problème au regard du droit à la santé.
Les associations peuvent donc faire appel à vous lorsqu’elles constatent ce type d’événement ?
Bien sûr. Je répète que ce rôle fait partie des missions de l’ambassadeur. C’est bien comme cela que mes prédécesseurs l’ont compris, et je compte bien m’inscrire dans leurs pas.
Parce que cette mission est passionnante et d’une importance unique compte tenu de la gravité des pandémies sur un plan sanitaire, éthique et de développement. Je compte apporter à ce poste mes compétences en matière de santé et de santé publique, acquises au ministère de la Santé où je suis inspecteur général des affaires sociales, ainsi que ma connaissance des questions de développement acquise au sein de la Banque mondiale et au travers des missions que j’ai faites pour la coopération française.
Quelles sont vos priorités ?
Je souhaite mettre l’accent sur la réaffirmation des principes éthiques dans la lutte contre le sida sur le plan national et international. Je pense qu’il s’agit d’une dimension-clef du poste d’ambassadeur. Sur le plan national, l’opinion publique et les leaders d’opinion ne sont pas encore suffisamment mobilisés autour des enjeux sida. Sur le plan international, j’interviendrai dans le plus grand nombre d’enceintes officielles, auprès des Etats et du secteur privé, et je m’efforcerai de mobiliser l’opinion publique. Unitaid et le Fonds mondial, où l’ambassadeur siège, sont des instruments uniques pour réaliser cet objectif.
Vos autres priorités ?
Une priorité - elle est à mon sens au cœur de l’action de l’ambassadeur - consiste à développer la visibilité de l’action de la France dans les instances internationales (Fonds mondial, Unitaid, Commission européenne) et auprès des Etats. Je suis frappé par le fait que les ONG que je rencontre, mais aussi des diplomates, me disent qu’ils ne voient pas l’action de la France sur le terrain. Alors que notre pays est depuis longtemps un leader dans le domaine du VIH/sida et qu’il développe énormément d’initiatives et de programmes. Je souhaite aussi soutenir la francophonie et les Etats francophones qui rencontrent parfois plus de difficulté que les autres pour accéder au financement mondial. Sur le plan national, je ressens le besoin de coordonner et d’harmoniser les positions des administrations de la Santé, des Affaires étrangères, des Finances… pour être encore plus efficace et percutant.
Vous évoquez des actions à long terme. A court terme, sur quoi allez-vous travailler ?
Il est nécessaire de faire croître rapidement le nombre d’Etats membres d’Unitaid afin d’atteindre nos objectifs de développement et d’accès universel aux trithérapies grâce à la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Je réfléchis aussi à des initiatives lorsque la France prendra la présidence de l’Union européenne. Ce moment représentera une opportunité pour confirmer la France comme leader dans le domaine du VIH/sida. D’autant plus que je sens une attente et un intérêt de la part de nos partenaires. Et puis il y a la préparation de la conférence de reconstitution du Fonds mondial à Berlin, en septembre prochain.
Dans les pays du Sud en particulier, deux sujets font actuellement débat. Le premier concerne les microbicides. Les tests cliniques sur l’un d’entre eux, le Carraguard, ont été récemment arrêtés à cause des risques que ce microbicide entraînait pour les femmes. Cette piste en matière de lutte contre le sida doit-elle être poursuivie ?
Je ne suis pas comme Michel Kazatchkine un expert scientifique dans le domaine du VIH/sida. Je me repose donc sur l’expertise de l’administration et de mes interlocuteurs. Mon opinion est que la piste des microbicides est intéressante même si les recherches sont difficiles et demandent un assez lourd investissement. La France continuera à soutenir le partenariat international sur les microbicides car il s’agit d’un axe important sur lequel il faut travailler.
L’autre point concerne la circoncision. Le Conseil national du sida vient d’émetttre un avis de prudence quant à son utilisation pour réduire la propagation de l’épidémie de sida. Qu’en pensez-vous ?
J’ai eu l’occasion d’en discuter avec le président du CNS Willy Rozenbaum, avec Jean-François Delfraissy et avec les responsables de l’OMS. Il y a des faits scientifiques puisque trois études dont une conduite par l’ANRS ont démontré une efficacité de la circoncision en matière de prévention dans certains pays chez les hommes jeunes et hétérosexuels. C’est un fait qui porte sur des cohortes importantes de plusieurs milliers de personnes. L’avis du CNS montre toutefois l’importance de disposer d’études montrant les bienfaits de la circoncision sur le terrain. La mise en œuvre de ce nouvel outil de prévention doit être entourée de précautions.
L’Observatoire du droit à la santé des étrangers dénonce l’expulsion d’étrangers malades nécessitant des soins en France. En tant qu’ambassadeur chargé de la lutte contre le sida et des maladies transmissibles, interpellerez-vous les pouvoirs publics sur ces questions ?
L’ambassadeur est un garant de l’éthique. Son rôle n’est pas d’interpeller publiquement les pouvoirs publics sachant qu’il en est lui-même issu, mais sa mission le conduit à susciter l’attention des administrations et de leurs responsables sur telle ou telle situation qui poserait problème au regard du droit à la santé.
Les associations peuvent donc faire appel à vous lorsqu’elles constatent ce type d’événement ?
Bien sûr. Je répète que ce rôle fait partie des missions de l’ambassadeur. C’est bien comme cela que mes prédécesseurs l’ont compris, et je compte bien m’inscrire dans leurs pas.