mercredi 4 juillet 2007

Préparer l'avenir

"J'ai vu s'accomplir des progrès formidables au cours des 5 dernières années car la santé est devenue une priorité des politiques de développement dans les pays du Sud". Michel Kazatchkine, président du Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose, a fait preuve d'optimisme à la tribune de la Conférence régionale Sida : penser globalement, agir localement, qui s'est déroulée cet après-midi à l'Hôtel de Région.

"Il n'y a pas si longtemps, la santé était une source de dépenses, non d'investissements, a-t-il poursuivi. Tout a changé à partir du sommet du G8 à Okinawa en 2000, et on en voit aujourd'hui les résultats. Au Botswana, la mortalité due au sida a commencé à baisser grâce à l'arrivée des traitements. D'autres pays connaissent la même évolution. Ces succès montrent que la diffusion des antirétroviraux peut être effectuée à une large échelle".

Malgré tout, des obstacles subsistent. Si le prix des médicaments de première intention (ceux que l'on prescrit pour la première fois) a considérablement baissé, passant de 10 000 € par an et par personne il y a quelques années à 90 € aujourd'hui, le coût des traitements de deuxième intention est de 20 à 40 fois plus élévé. Or du fait des résistances inéluctables, les patients actuellement traités auront besoin de ces traitements au cours des trois ou cinq prochaines années.

Michel Kazatchkine définit donc deux priorités. Les programmes internationaux doivent bénéficier de ressources supplémentaires pour rendre les traitements pérennes, et des infrastructures de soins adaptées doivent être développées dans les pays du Sud.

Paroles d'experts

Des responsables de programmes de lutte contre le sida ont participé ce matin à une conférence de presse. Leurs propos étaient à la fois encourageants et prudents sur les résultats obtenus et à venir.

Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) s'est réjoui que 26 molécules anti-VIH soient actuellement disponibles dans les pays du Nord permettant plusieurs combinaisons possibles. La diversité de ces ressources est un espoir "pour, par exemple, les 7 à 8 % de patients français actuellement en échec thérapeutique". Le directeur de l'ANRS, qui consacre 28 % de son budget aux pays du Sud, a par ailleurs regretté que seulement 10 à 12 % des femmes africaines aient accès au dépistage et à la prise en charge.

Kevin de Cock, responsable du Département sida de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé que le vaccin préventif contre le sida relevait toujours de l'hypothèse lointaine. La prévention reste donc l'arme prioritaire et, bien sûr, la question très actuelle de la circoncision a été évoquée. "Trois études internationales ont fourni des réponses concluantes sur la circoncision puisqu'elles démontrent une protection relative de 60 % pour les hommes hétérosexuels exposés au VIH. Cette protection partielle, a-t-il insisté, répondant aux récentes critiques formulées à l'encontre de l'OMS, ne doit pas remplacer les autres programmes de prévention (préservatif, réduction du nombre de partenaires sexuels, abstinence...), mais être un outil supplémentaire".

Martine Somda, membre d'une association de lutte contre le sida au Burkina Faso, a souligné que la stigmatisation constituait un frein énorme à la prise en charge des personnes séropositives en Afrique. "Beaucoup de pionniers se sont sacrifiés pour faire bouger les mentalités et développer la solidarité internationale". Martine Somda a aussi regretté que la lenteur des programmes d'aide nationaux et internationaux coûtait cher en vies humaines, en particulier "dans les campagnes où l'épidémie de sida fait encore plus de victimes que dans les villes".

Expos en bref

Si la Conférence Aids Impact se termine aujourd'hui, deux expositions consacrées au VIH/sida se poursuivent quelques jours à Marseille.

"Aimer sans peur" informe et dénonce les discriminations dont sont encore trop souvent victimes les personnes séropositives.

Cette exposition a été crée par la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en partenariat avec l'association AIDES et le Centre régional d'information et de prévention du sida (CRIPS)-PACA.

Infos plus :

Hôtel de Région
Jusqu'au 11 juillet 2007
Du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h (entrée libre)

"La recherche française sur le sida avec les pays du Sud" retrace les grandes avancées réalisées par des équipes françaises et des pays du Sud depuis la découverte du virus du sida il y a 25 ans. Un film de 36 minutes relate deux essais cliniques menés au Burkina Faso et au Cambodge.

Cette exposition et ce film ont été produits par l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS).

Infos plus :

Centre de vaccination international
23, rue Louis Astruc
Jusqu'au 13 juillet 2007
Du lundi au vendredi, de 9 h à 16 h 30 (entrée libre)