lundi 2 juillet 2007

Rencontres associatives

Aujourd’hui : « Autres Regards »

Le Colloque Aids Impact 2007 offre aussi l’occasion de rencontrer des acteurs de terrain de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur engagés dans des politiques de prévention. C’est le cas d’« Autres Regards » qui existe depuis 1995. Si l’association est aussi présente à Toulon, elle est d’abord née à Marseille, où elle a pris le relais du Projet Saint-Charles lancé en partenariat avec AIDES à l’époque où de nombreuses prostituées travaillaient aux alentours de la gare Saint-Charles.

Aujourd’hui, « Autres Regards » intervient dans tous les quartiers de Marseille en tant qu’association de santé communautaire. Elle est financée en partie par la Ville de Marseille qui, comme le précise Laurence Lévy, chargée de mission Sida et Toxicomanie, « est particulièrement enthousiaste sur les résultats obtenus ». Les autres financements d’« Autres Regards » proviennent du Conseil général, du Conseil régional et de l’Etat. S’ajoutent par ailleurs des fonds privés, notamment de Sidaction.

« Autres Regards » agit dans le milieu de la prostitution avec et pour les personnes prostituées. « Avec » les personnes prostituées n’est pas un vain mot puisque celles-ci peuvent s’investir et participer à différents niveaux de la vie de l’association : en s’impliquant sur le terrain comme animateur de prévention ou en étant membre du Conseil d’administration ou du Bureau.

Plusieurs axes

Les actions de prévention et de réductions des risques s’organisent autour de plusieurs axes : la distribution et la vente de préservatifs à prix coûtant, l’information sur le VIH et les infections sexuellement transmissibles, la prévention des risques liés à la toxicomanie et à l’alcoolisme, l’accès aux soins, la lutte contre l’isolement et la discrimination.

« Autres Regards » reçoit les personnes prostituées dans ses locaux mais dispose aussi d’une unité mobile afin de pouvoir aller vers elles jour et nuit sur leur lieu de travail. Au cours d’une année, 500 personnes sont ainsi rencontrées. Selon Jean-Régis Ploton, directeur de l’association depuis 2003, « 70 à 80 % de ces personnes sont d’origine étrangère. De plus en plus de femmes viennent de Bulgarie » ajoute-t-il. « Leur nombre a fortement augmenté au cours des derniers mois. » A tel point qu’une médiatrice originaire de Bulgarie est venue renforcer l’équipe pour favoriser la prise de contact.

Recommandations de l’OMS

Le volet « santé globale de la personne », élément fort de l’association, ne s’arrête pas aux critères de santé physique. Il prend en compte la santé psychologique des travailleurs et travailleuses du sexe, répondant ainsi aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé.

Si la prévention et la santé globale constituent le cœur de l’activité d’« Autres Regards », l’association a petit à petit développé des projets spécifiques. Ainsi en va-t-il de l’accompagnement des personnes souhaitant changer de sexe, ou, dans le cadre d’un projet européen, l’accompagnement des personnes souhaitant trouver un emploi après avoir arrêté la prostitution.

Infos plus :
Pour joindre « Autres Regards » à Marseille
Tél. : 04 91 42 42 90
Courriel : autres.regards@numericable.fr

Pour joindre « Autres Regards » à Toulon
Tél. : 04 94 15 05 17
Courriel : autres_regards_toulon@yahoo.fr

Deux enquêtes de Sida Info Service

Xavier Bertin, responsable du Service Evaluation et Qualité à Sida Info Service a présenté l'enquête "Jeunes, sexualité et prévention du VIH" à la Conférence Aids Impact. Cette enquête réalisée durant l'année 2004 a notamment montré que de nombreux jeunes pensent que le VIH/sida concerne avant tout une minorité de la population (gays, toxicomanes, migrants), et que désormais le danger est moindre puisqu'il semblerait exister des traitements efficaces" contre la maladie.


Elisabete de Carvalho a présenté parallèlement une autre enquête de Sida Info Service sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH (2005).

Ces deux études sont téléchargeables sur le site http://www.sida-info-service.org/observer/etudes.php4

"On n'a pas le droit d'être heureux ?!"



Les promeneurs profitent du soleil sur le Vieux Port de Marseille en ce lundi matin. Ils achètent du poisson ou des bijoux, flânent. Soudain une dispute éclate.

- C’est mon beau-frère. Il a le sida. Qu’il laisse ma soeur tranquille.
- Quoi ! Je n'ai pas le droit d'être heureux ?! Je ne peux pas vivre une vie normale ?!

Les gens s’arrêtent, se demandent pourquoi ces cris.

Les acteurs du Théâtre de l’invisible sont en pleine action pour faire passer des messages de tolérance. Ils interpellent le public.

- Qu’en pensez-vous ? Il ne faut pas dire qu’on a le sida ? C’est ce que vous pensez, vous ?





Un homme prend la parole.

- Oui, ils ont le droit de vivre comme tout le monde.

Un autre ne sait pas.

- On n’est pas assez informé sur cette maladie. Il peut contaminer sa femme, non ?

L’un des acteurs reprend.

- Mais on se protège. Et puis si on veut des enfants, il existe des méthodes de procréation assistée. Il n’y a aucun risque.

La scène se prolonge. Les gens argumentent, s’opposent, concèdent que oui, c’est possible de vivre avec quelqu’un de séropositif.

Puis les acteurs repartent, presque comme si de rien n’était.

Stéphane, l’un des membres de la troupe du Théâtre de l’invisible, est content :

- Le public a immédiatement réagi. C’était très positif car des discussions se sont engagées sur la visibilité des personnes séropositives, sur le droit de vivre une vie comme les autres. Ca a très bien fonctionné.

Le Théâtre de l’invisible reproduira aujourd’hui et demain ces saynètes dans des lieux publics : rues, métro, bus… en abordant à chaque fois une thématique différente comme la famille, la sexualité ou le travail. Avec l’espoir à chaque fois de changer le regard des autres sur les personnes séropositives.